[Les conseils de Tata Cora] Comment choisir correctement son GN ?
Débuter en GN, ce n’est jamais une chose aisée et cela passe souvent par une phase de crash-test quand il s’agit de trouver “son style”.
Parce que plus tu en fais, plus tu te rends compte que non, le GN, ce n’est pas que courir dans la plaine avec tes armes en mousse et latex.Est-ce que c’est obligé d’être autre chose ? Non plus. Mais ce n’est pas la diversité d’univers qui manque dans la communauté, contrairement à ce qu’on peut imaginer en débarquant.
Tous les GNistes sont différents et pratiquent ce hobby de façon très diverse. Pour parler de ma paroisse, je n’ai par exemple jamais été très branchée combat en groupe ou juste diplomatie pure. Je cherche à vivre des émotions fortes par le prisme d’un jeu tourné vers des intrigues intra-personnelles, par exemple (et les beaux costumes, on ne va pas se mentir).
Et savoir ce qu’on aime, ce qu’on souhaite prioriser, cela demande du temps et de l’expérience. Sauf que jusqu’à preuve du contraire, nos jours de congés ou nos thunes ne sont pas des ressources illimitées. Si j’en parle, c’est parce que malheureusement, je connais pas mal de potes qui ont cessé le GN après quelques mauvaises expériences, persuadés que ces expériences en particulier étaient représentatives du GN en général.
Sauf que le souci n’était pas forcément les jeux en question. Ou eux-mêmes. Mais que ces GNs n’étaient pas faits pour eux. Et ça, ça arrive plus souvent qu’on ne le pense. Alors comment choisir correctement son GN ?
1. Ne pas sous-estimer la note d’intention.
Petit rappel des faits : Une note d’intention est un document qui va résumer le GN à venir. Pas uniquement le synopsis général mais également l’intérêt. Pour quel type de joueur ? Quel format ? Il y a bien sûr les informations pratiques de déplacement ou d’hébergement mais la note d’intention est aussi là pour faire comprendre à QUI le jeu s’adresse.
Alors, il est à noter que la pratique de la note n’est pas encore systématique dans le milieu francophone. Beaucoup d’associations ou d’entreprises n’ont pas encore l’habitude d’en proposer, mais je ne saurai que recommander son utilisation.
L’un des soucis d’une note d’intention (bon, on va dire N.I hein à partir de maintenant), c’est que son lexique n’est pas toujours adapté aux débutants purs. Réalisme, immersion, narrativisme ? Mass Larp, ça signifie quoi tout ça ? Car chaque mot a évidemment sa signification et permet d’imaginer davantage la silhouette du projet en devenir.
C’est d’ailleurs pour cela que, copains et copines orga qui rédigez peut-être votre N.I actuellement, je vous encourage de fournir un lexique ou à me vulgariser tout ce bordel pour être certains que vos lecteurs vous pigent. Et puissent facilement visualiser ce bébé que vous vous apprêtez à mettre au monde.
Bref, la lecture de la N.I devrait te permettre de comprendre si le jeu est pour toi. Est-ce que le coeur du jeu sera la grosse meule dans la plaine ? Est-ce qu’on va escompter de ta part de fournir un effort dans ton roleplay ? Ou au contraire t’octroyer une ambiance “yolo” ? Tout ça, tu pourras le découvrir en lisant ce document.
Et dans cette première étape, tu peux d’ores et déjà être capable de te dire “nope, ça, c’est pas fait pour moi”. Ou cela ne l’est pas encore…
NdLR : À noter qu’on peut aussi réaliser une note d’intention en béton et finaliser un GN à mille lieues du projet initial. Parce qu’on peut être orga et se foirer.
2. Évite les licences pour tes premiers jeux.
Franchement, évite pour tes premières expériences. Ou dis-toi que tu vas devoir faire des concessions. Je sais, ça peut paraître con, et pourtant. Je ne sais combien de potes ont d’ailleurs débuté le GN par l’envie d’aller jouer directement dans cet univers qui leur plaît tant.
Mais soyons franc : la plupart des GNs basés sur une licence (Fallout, Warhammer & co pour ne citer que les victimes les plus notoires) ne sont pas de mauvais GNs. Ils sont surtout de mauvaises incarnations de la licence en question.
Fallout est sans doute l’une des pires : car c’est à la fois une licence particulièrement sombre et loufoquement drôle. La juxtaposition des deux n’en fait pas l’univers le plus facile à adapter. (Parce que la rencontre de Super Cafard des Terres Désolées et du réseau d’esclaves pour Raiders pédophiles, c’est un peu deux salles, deux ambiances, tu sais).
Pourquoi c’est le plan foireux ? Parce qu’en rejoignant notre licence phare pour vivre l’expérience en 360°, nous venons forcément avec nos attentes et notre connaissance. Or, cette connaissance de l’univers n’est pas toujours équitable selon les gens présents.
Il y a bien sûr capitaine “j’ai lu les bouquins/joués à tous les jeux/je suis incollable” et il y a ceux qui vont arpenter nerveusement les wiki officieux de la licence la semaine avant. Peut-être mater quelques vidéos de l’univers en question. Et ceux qui vont uniquement se contenter des ressources partagés par l’équipe d’organisation.
De plus, traîner un newbie dans un jeu à licence pour son premier GN, je ne suis pas sûre qu’il est prêt au choc mental de se faire attaquer par une griffemort en carton, parce que c’est tout ce que l’asso a pu se payer. C’est ce qu’on appelle se faire “servir une grosse part de réalité”.
Ces déséquilibres se ressentent souvent dans l’interprétation des personnages (Tu l’as croisé aussi, “Jean Michel a un pressentiment mais il ne saurait pas dire pas pourquoi, à propos du petit Voldemort” ?) et dans les quiproquos que cela engendre.
Sans compter que pour les besoins d’une storyline ou de l’organisation, l’histoire – que tu connais pourtant si bien – est régulièrement remaniée, modifiée… Et franchement : entre les puristes qui s’engueulent avec les newbies, qui eux, sont venus car le Game Design du jeu leur plaisait plus que l’histoire de base, le fait de voir des personnages iconiques interprétés à la va comme je te pousse par Jean-Michel Sans Charisme et ne pas réussir à se projeter dans son univers fétiche… Mauvais plan.
Si tu te rends dans un GN à licence, attends-toi à être déçu. Vous avez déjà lu la Divine Comédie de Dante ? Sur la porte des Enfers, il y est écrit “Vous qui entrez, abandonnez toute espérance”. Bah, avec ton GN à licence, tu fais pareil. Comme ça, si c’est génial, tant mieux. Si c’est en effet décevant, pas de surprise.
Et quoi qu’il en soit, mets de l’eau dans ton vin envers les néophytes qui essayent de bien faire et dont le seul crime, c’est la méconnaissance de l’univers.
3. Les potes… Mais pas que.
S’inscrire UNIQUEMENT parce que les copains y vont n’a jamais été une bonne raison d’aller sur un GN. Bien sûr, cette critique n’est efficace que si on ne parle pas d’un GN à la bonne franquette.
Mais j’ai souvent été témoin de ce groupe de joueurs qui foutent un peu la merde parce que clairement, le jeu n’est pas fait pour eux ou bien ils s’attendaient à quelque chose de plus “light”. De fait, ils se retrouvent en décalage avec les autres et deviennent vite pénibles (Fun fact : oui, on peut vite saturer des réf’ Kaamelott ou Naheulbeuk). Hey, je crois bien avoir été cette personne au moins une fois.
Je le rappelle : il ne s’agit pas là de fustiger les gens qui ne s’accordent qu’un ou deux GNs dans l’année et pour qui il s’agit avant tout d’une excuse pour partir avec les potes en mode retrouvailles estivales costumées.
Il existe des formats de jeux pour lequel ces comportements ne nuisent pas au GN, voire s’y intègrent à merveille. L’ambiance sera légère et personne ne vous jugera.
Mais clairement pas tous. Et si un ou une amie propose de s’inscrire en “groupe” dans la même faction, quitte à concevoir la sienne, il est vraiment important de vous calibrer tous pour être certains que vous partez sur ce jeu pour les mêmes raisons. De plus, il ne faut pas hésiter à faire la police entre vous si ça part vraiment trop en mode private joke-ricard-sauciflard alors que ce n’est vraiment PAS l’ambiance.
De plus, n’oublie pas que tu n’es pas à l’abri de désistements de dernière minute et si ton attrait pour un GN ne se résume que par la présence de tes potes, tu risques non seulement de passer un mauvais moment, mais de devenir le mauvais moment des autres.
Le monde du GN est suffisamment large pour s’inscrire à un projet qui à la fois vous plait ET vous permet d’y aller ensemble.
4. S’autoriser d’avoir tort, ou le droit de se surprendre.
Si je prenais les propos que je tenais sur certains GNs il y a quoi, 4, 5 ans, j’aurais envie de me jeter du 6ème étage. Et de m’immoler.
Je me souviens avoir été dans le jugement pendant très longtemps sur des jeux expérimentaux, que je considérais alors comme de la grosse branlette intellectuelle. Je pensais alors pouvoir décréter ce qui était et n’était pas du GN. (NDLR : Quelle conne, vraiment).
Aujourd’hui, je pratique quasiment exclusivement des jeux dont je me moquais éperdument. Sans doute parce que, conne ou pas, je reste persuadée intrinsèquement que je ne peux pas juger ce que je n’ai pas essayé (d’où mon refus de trash-talker gratuitement Kandorya, par exemple).
C’est d’ailleurs pour cela que je me suis rendue seule sur certains jeux pour me dire “hey, tu sais quoi, au moins, j’essaye”. Et souvent, il s’agit de format plus petits, différents et peu chers.
Alors, oui, c’est sans doute l’inverse de ce que je disais au début mais parfois, cela vaut le coup de tenter des sauts de foi.
Rien ne t’empêche de contacter l’organisation pour exposer tes doutes et demander si, vu ce que tu recherches dans un GN, ce dernier est vraiment fait pour toi : c’est encore ceux qui sont en train de l’écrire qui pourront te guider au mieux.
Crédits Photographiques : (Crédits : par Joram Photographe, GN : Meurtres en Campagne (Session 4), Mai 2018, par Fanny Wilk & Rôle).
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